2 – L’esprit
C’est globalement l’ensemble de nos perceptions, nos pensées, nos émotions, nos décisions, qui se traduisent dans le visible par nos comportements. Si le corps est l’interface entre l’esprit et la matière, l’esprit est l’interface entre l’âme et le corps.
Cependant, le premier problème vient que l’esprit ne le sait pas ! Il se prend pour l’âme. Il se croit le maître, dépositaire des qualités de l’âme, et croit dur comme fer qu’il devrait défendre et incarner ce qu’il perçoit plutôt que d’incarner ce que l’âme lui souffle subtilement dans le cœur. Il croit que sa vérité est la vérité. Alors il est en guerre, car son esprit personnel n’est pas en lien avec les autres. Il est seul contre tous, et pour se sentir moins seul, il va faire des alliances éphémères et changeantes. Tractation par le pouvoir, la séduction, la sexualité, l’argent. Là il se compromet, là il se coupe de l’âme.
Comment cela est-il possible ?
C’est tout simple à comprendre. Avant tout comportement, toute action il y a une activité psychique, subconsciente dans la majorité des cas. L’humain perçoit, cette perception entraîne un enchaînement de pensées et cet enchaînement aboutit à une décision, qui entraîne à son tour une action, ou une inaction.
Le problème est à l’endroit où tout commence : dans la perception.
Pour mieux comprendre ce qui se joue, faisons un tour par nos origines, la perception des formes de vie qui nous ont précédées et qui ont préparé notre arrivée.
Le végétal perçoit la lumière. Cette perception lui fait orienter ses capteurs solaires, les feuilles, vers la lumière du soleil. Cette perception produit donc un comportement qui lui permet d’adapter sa forme de vie à la terre. Le tour est joué : le végétal par sa perception s’adapte du mieux qu’il peut à la réalité des circonstances changeantes de la vie sur terre.
L’animal sauvage est inspiré par son instinct, qui guide sa perception et donc ses comportements.
Ce n’est pas vrai pour l’animal domestique, car l’amour qu’il porte à l’homme lui fait différer son propre instinct pour lui plaire.
Qu’est-ce que l’instinct ? Ce qui inspire à l’animal ce qu’il doit faire, avec une infinie précision, pour préserver au mieux sa forme de vie et son espèce.
Le lion perçoit la gazelle comme nourriture s’il a faim ou comme insignifiante s’il n’a pas faim : insignifiante car n’appartenant ni à son espèce, ni représentant un danger, ni même un intérêt en tant que nourriture, puisqu’il n’a pas faim à cet instant ! On peut alors les voir boire dans un même marigot, non loin l’un de l’autre.
Ainsi l’animal, par son instinct, s’adapte du mieux qu’il peut à la réalité des circonstances changeantes de ses propres besoins et des circonstances extérieures variables. Comme on vient de la voir, sa perception évolue donc en fonction de ces deux réalités.
L’humain ? C’est là que les choses se compliquent. Jusque-là, la perception permettait aux formes de vie végétales et animales d’adapter leurs comportements aux diverses situations intérieures (faim, soif, chaud, froid, fatigue) et extérieures (été, hiver, désert, forêt, nuit, jour), afin d’assurer de façon optimum la survie de l’individu.
L’humain n’est pas encore adapté. L’humain est une forme de vie en voie d’adaptation. Il suffit de regarder autour de soi, surtout actuellement, pour en avoir la certitude.
Son inadaptation tient à sa perception qui ne lit pas l’instant présent pour ce qu’il est, mais se trouve déformée par la projection de son passé sur ce présent. Une femme qui désire un enfant et qui a fait une fausse couche, aborde la grossesse suivante avec la peur d’une nouvelle fausse couche. Tout le monde le comprend. Pourtant il n’existe aucune différence de risque entre la première et cette deuxième grossesse. Scientifiquement sa crainte devrait donc être égale dans les deux cas.
Une femme qui désirait un enfant, n’a pu être enceinte et en a gardé une douleur sur l’âme. Elle souffre en croisant les femmes enceintes ou les enfants, car les premières lui rappellent douloureusement qu’elle n’a pas pu être enceinte et les seconds, qu’elle n’a pas eu d’enfant. Sa perception est altérée par une douleur plus ou moins enfouie dans son passé.
Ma propre expérience me montre que chez l’humain, la lecture de l’instant présent se fait inconsciemment de cette façon dans la grande majorité des cas.
Il paraît alors simplement évident qu’un enchaînement de pensées qui s’appuie sur une perception faussée de la réalité, ne peut alors qu’aboutir à des décisions erronées et donc un comportement désadapté. Avoir un comportement désadapté ne produit que de la douleur, d’abord en soi-même parce que le résultat escompté n’est pas au rendez-vous, et autour de soi car ce comportement désadapté agit par contagion négative dans l’environnement proche.
Au lieu que la perception soit le moyen d’adapter du mieux possible une forme de vie à la réalité des circonstances changeantes de la vie sur terre, comme c’est le cas dans le monde végétal et animal, celle de l’homme produit donc trop souvent des actions désadaptées. Tant qu’il restera dans l’illusion que c’est son esprit qui doit tout diriger, c’est à dire sa perception, ses pensées et ses décisions, son comportement ne sera pas adapté à la réalité de l’instant et celle plus large de l’organisation de la vie.
Quel est l’intérêt de ce processus qui semble plus briller par ses inconvénients que par ses avantages ? Tout simple, l’évolution de la conscience : l’obligation de se poser des questions pour se sortir de ce cercle infernal. L’obligation d’en comprendre l’origine et de rencontrer l’âme. L’obligation de se comprendre pour comprendre les autres et le monde. C’est de toute l’évolution de la conscience dont nous parlons.
A suivre…L’âme