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17 octobre 2015

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La gestation pour autrui : Pour ou contre ?

17 octobre 2015

GPALe problème n’est pas la gestation pour autrui (GPA), la grande question est quand va-t-on enfin prendre en compte l’essentiel dans cette douloureuse histoire, la douleur des femmes et des hommes ?

La première question que je me pose avant de savoir si je suis pour ou contre, est comment on en arrive là ?
D’autant que l’étape d’après est encore plus complexe, puisqu’il s’agit de la greffe d’utérus dont on peut dire qu’elle présente des dangers avérés pour la donneuse, la receveuse et l’enfant, mais aussi d’autres risques potentiels très complexes à préciser (voir les conclusions de l’académie de médecine que l’on dit favorable, mais lisez plutôt le texte.)

Le désir d’enfant, nous en avons parlé plusieurs fois à l’antenne de RMC avec Brigitte Lahaie et une fois encore ce 13 octobre. On le sait, c’est une force puissante qui habite tout être vivant et il est risqué de laisser cette force désorientée.
Pour autant, cela ne veut pas dire que si l’enfant se dérobe, il est licite de tout tenter pour satisfaire ce désir, l’enfant devenant alors un dû. Et c’est là que tout bascule parce que si c’est un dû alors tout le monde y a droit et les moyens utilisés sont justifiables. Alors on veut conduire sa vie avec sa volonté propre, on ne cherche pas à savoir ce que la vie nous veut à travers cette épreuve, mais obtenir ce qu’on veut soi-même, alors on passe en force et tout peut arriver et arrive. La résilience de Boris Cyrulnik est une réalité quotidienne à laquelle on ne peut pas échapper, car on ne pourra jamais tout contrôler.
Décrire l’arrivée d’un enfant après un long passé d’infertilité comme un grand bonheur est une banalité qui cache un paysage beaucoup plus varié sur le terrain et parfois totalement opposé, pour une raison simple à comprendre : le désir d’enfant se construit à partir de cinq forces, deux inconscientes et trois subconscientes, qui ne sont jamais toutes en cohérence. Il ne s’agit plus seulement de l’ambivalence que l’on décrit en psychologie, mais d’une valence cinq bien plus complexe à gérer par le psychisme !

Comme pour l’instant nous sommes encore très peu enclins à prendre en compte la dimension intérieure, le déséquilibre sous-jacent apparaît suite à la naissance de l’enfant : aux dépens du couple et de l’enfant bien sûr. Je vous invite vivement à regarder le film diffusé par Maman blues : « Devenir mères » de Bérangère Hauet. Il est éloquent.

Mettre en danger sa propre vie et celle de son enfant (une greffe d’utérus aboutissant à une naissance à 31 semaines d’aménorrhée) pour donner la vie devient un contre-sens dans la mesure où c’est un danger programmé et non fortuit. Cet enfant doit passer le cap d’une gestation écourtée d’un quart et donc il n’est pas prêt à la vie aérienne…Mais c’est vrai l’enfant n’a pas la parole et on ne sait pas s’il prend ce qui lui arrive comme une chance. Partir du principe que c’en est une pour lui est un pari risqué, car non argumenté et ne tenant pas compte des découvertes récentes des chercheurs en matière de vie intra-utérine. Là aussi je ne saurais trop vous conseiller le film de Bernard George : « Le monde selon bébé » qui fait un tour intercontinental des résultats des recherches en la matière.

Alors que faire ? La solution réside dans un fait logique, mais pas facile à admettre je le sais : ce n’est pas le manque d’enfant lui-même qui pose problème, mais la douleur que produit ce manque. En effet un petit nombre de femmes qui n’arrivent pas à avoir d’enfant sont soulagées, parfois tout simplement parce qu’elles voulaient un enfant plus par convenance que par désir personnel. C’est donc bien la douleur qui est au centre de tout, c’est la douleur qu’il faut interroger. Or dans les centre d’assistance médicale à la procréation, on interroge le corps qui résiste à un événement pourtant naturel et souhaité, mais très peu la douleur. C’est bien dommage. Les couples se sentent mal accompagnés. Ils ont raison, mais en veulent-ils vraiment de cet accompagnement qui va les interroger ? Ils voient parfois un psy, mais rien à voir avec ce que j’appelle la double approche médicale et psychologique qui demande un certain courage.
Mais revenons à ce désir d’enfant dont la force est si puissante. Quelle est la nature de ce désir ? Il est multifactoriel comme je l’ai dit, mais on pourrait le résumer dans son essence fondamentale par le besoin de donner la vie, de transmette la vie, chose la plus précieuse qui nous ait été confiée.
Or il y a bien des manières de participer à la vie, de donner la vie. Faire un enfant est l’ancienne façon, car avec 7 milliards d’individus il n’y a aucun risque de sous-population mais au contraire de sur-population et donc de guerre et donc de destruction de la vie.

Une autre façon de transmettre la vie c’est que chacun accomplisse ce que son histoire personnelle a déposée d’unique dans son être : une façon individuelle de participer à la vie.
Ce n’est pas un mystère que Brigitte Lahaie ne voulait pas d’enfant. Elle l’a dit de nombreuses fois. Est-ce à dire qu’elle ne transmet pas la vie ? Je suis profondément et intimement persuadé du contraire. Au lieu d’avoir un, deux ou trois enfants, elle en a je crois 700.000 à qui elle s’adresse tous les jours. Rétablir un peu d’ordre dans la perception de la sexualité, aider les hommes et les femmes en difficultés, comme elle le fait c’est participer à la vie de façon bien plus large que de faire un enfant, car c’est prendre soin et aider bien plus loin que sa propre famille de sang.
Je sais, je ne vais peut-être pas me faire que des amis en écrivant cela. Pourtant je respecte au moins autant si ce n’est plus que quiconque, la douleur des femmes en mal d’enfants. Je l’ai montré dans le reportage de Caroline Tresca il y a quelques années « Un enfant si je peux. »
Comme je le disais en introduction, le problème n’est pas la GPA, la grande question est quand va-t-on enfin prendre en compte l’essentiel dans cette douloureuse histoire, la douleur des femmes et des hommes ? De toute façon, avec la GPA à 80.000€ tout compris aux Etats Unis, des couples vont rester sur le carreau faute de moyens. Ils iront en Inde, moins cher, mais là on passe avec encore moins de respect de l’individu de gestation pour autrui à gestation pour de l’argent, mère porteuse rémunérée disait-on il y a quelques années. Les mots changent mais les faits restent : le sexe des femmes était à louer ? Leur utérus le devient. C’est moins reluisant.
Et ceux qui ne pourront pas payer en Inde ? On les abandonne à leur sort ?
Vous l’avez compris cette fois : je suis contre l’abandon des femmes et des hommes qui souffrent d’infertilité.

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