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Interview dans l’émission de Brigitte Lahaie, Sud Radio, 9 Avril 2020

Brigitte Lahaie – Hugues Reynes est avec nous pour nous donner le sens qu’il met à tout ça.

Hugues Reynes, je précise que vous êtes gynécologue obstétricien et que vous avez beaucoup travaillé sur les questions d’infertilité.

Ce n’est pas rien l’infertilité ! C’est la capacité à donner la vie ! Vous êtes également conférencier. Vous avez également un blog sur lequel vous transmettez beaucoup de vos idées qui sont toujours, je le dis avec beaucoup de sincérité, qui sont toujours pertinentes. Merci d’être avec nous et de nous donner du sens à tout ce qui nous arrive.

Hugues Reynes – Je pense que cette crise due à ce virus, s’inscrit dans un contexte beaucoup plus large que cette pandémie.

Nous étions déjà à un tournant de l’histoire de notre civilisation. On sait qu’une civilisation se construit sur un certain nombre de valeurs. Or nous voyons bien avec tout ce qui arrive actuellement, que ces valeurs s’effondrent.

On est donc pour moi dans une fin de civilisation et par voie de conséquence dans le début d’une nouvelle. Ce changement de civilisation, le virus n’en est que le révélateur, celui qui rend visible aux yeux de tous l’inévitable, et hautement souhaitable, changement des bases de notre civilisation. Ce processus est en train de devenir visible à tous, alors que jusque-là, certains opposaient un déni à cette réalité.

On vient de l’entendre aux informations, ce virus est révélateur de notre fragilité. Si ce confinement produit des désordres au niveau personnel, au niveau des couples et des structures, si la production interrompue un mois produit l’effondrement de notre économie, cela signale sa grande fragilité. Cela signale le peu de ressources dont elle dispose pour faire face aux difficultés.

Pour moi, cette période passionnante s’inscrit donc dans un changement de civilisation, un changement des bases de la civilisation qu’on appelle le paradigme.  Notre civilisation est comme une personne âgée. Si ce virus atteint surtout les personnes âgées, il atteint aussi les civilisations âgées et fragiles.

Elles ont eu des montées en puissance, des apogées et puis ont décliné alors qu’une autre prenait le relais. Pourquoi la nôtre échapperait à cette règle ?

Nous sommes dans un passage de relais. Ce qui veut dire que nous vivons une période difficile mais hautement passionnante, puisqu’il faut construire la suite, c’est-à-dire s’intéresser à ce que va être cette nouvelle civilisation. 

Quelles vont être les nouvelles bases sur lesquelles elle va se fonder ? Non seulement il nous faut les réfléchir, ce que beaucoup font d’ailleurs. Mais surtout, pour moi, il nous faut les mettre en œuvre. Ce qui est peut-être un peu moins fréquent aujourd’hui.

Je pense que le pire qui pourrait nous arriver, c’est qu’on reparte sur les mêmes bases, que cette civilisation âgée passe elle aussi en réanimation comme les personnes âgées et que malgré tout on parvienne à la faire survivre artificiellement bien plus malade en vérité qu’elle ne l’était déjà. Cela voudrait dire qu’on repousse juste le problème. Et on se retrouverait de nouveau dans quelques années devant cette fin de civilisation et l’obligation d’inventer la suite dans des circonstances plus difficiles encore. Donc je pense que nous sommes conviés à inventer et à mettre en œuvre maintenant.

Voilà ce que je voulais dire pour partager mon point de vue avec vos auditeurs.

Ce qu’on pourrait dire finalement Hugues Reynes, c’est que ce n’est pas du tout la fin du monde comme certains pourraient le dire, mais la fin d’un monde, et à nous de créer ce nouvel enfant si je peux me permettre ce symbolisme.

Oui, tout à fait ! C’est une nouvelle civilisation et c’est très intéressant. Oui, un nouvel enfant, une nouvelle façon de voir.

On sait que nous sommes entrés depuis bien des années dans une crise qu’on appelle l’anthropocène, c’est à dire la période de l’homme. Nous sommes dans une période d’extinction massive, tout le monde le sait, mais aussi dans celle de l’épuisement des ressources, des modifications climatiques, de l’injustice, puisque 10% de la population détient 80% des richesses. Les bases actuelles de réflexions et de fonctionnement du monde sont totalement obsolètes. Nous sommes conviés à inventer une civilisation qui soit plus juste pour tout le monde : en même temps pour la terre, pour les humains, dans le respect des lois de l’évolution.

Vous savez que je suis passionné par la phylogenèse qui étudie entre autres les lois de l’évolution de la vie sur terre. Car il y a des lois dans l’évolution. Or nous sommes en contradiction avec ces lois depuis bien trop longtemps, et c’est pour ça que nous mettons notre vie en danger et celle de la planète.

Par ailleurs, à coté de ce nouveau monde à construire, il faut bien sûr s’occuper des gens qui souffrent, dont vous avez parlé tout à l’heure. Il y en a énormément actuellement pour différentes raisons. En même temps qu’il nous faut inventer un nouveau monde, il faut s’occuper de toutes ces personnes parce qu’il faut tenter de ne laisser personne sur le carreau et cela va être compliqué en effet.

Oui, bien sûr, mais moi j’ai beaucoup confiance dans les jeunes adolescents. Hier par exemple on a eu la chance d’avoir une jeune adolescente de 14 ans ½ qui a pris l’antenne. C’était extraordinaire à la fois cette lucidité. Acceptons en effet d’autres manières de penser le monde, d’autres manières de penser la vie, d’autres manières de penser le vivre ensemble.

Philippe Arlin vous voulez réagir aux propos de Hugues Reynes ?

Philippe Arlin – Je suis d’accord. J’ai juste un peu peur que le vieux monde refuse de mourir et c’est ça qui me fait peur. C’est que ce vieux monde, je le vois un petit peu comme l’Avare autour de sa cassette, et j’ai un peu peur qu’on ait encore du mal à écarter le vieux, qu’il lâche les mains et qu’il accepte de mourir pour passer la main à un nouveau monde. Je suis plein d’espoir et à la fois très pessimiste.

C’est à l’image de l’humain ! J’aime beaucoup cette image, tout va dépendre si on nourrit plus le loup qu’on a en soi ou l’agneau qu’on a en soi. Tout va dépendre de ça.

En tout cas, merci Hugues Reynes pour votre interprétation, encore une fois je le répète chaque jour, c’est quelqu’un qui donne son interprétation qui ne vaut que ce qu’elle vaut, c’est à dire que c’est une interprétation d’Hugues Reynes, c’est pas du tout la vérité avec un grand V, mais ça peut aider chacun d’entre vous à donner du sens et je trouve qu’en ce moment tout le monde a besoin de donner du sens à ce qui lui arrive.


Vous retrouverez le son de cette intervention à écouter ou à télécharger,
une version PDF et le lien vers le podcast de l’émission dans les apartés du blog.

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