Une géographie (1/3)

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Une géographie (3/3)

25 novembre 2019

Une géographie (2/3)

25 novembre 2019
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Un texte de Jean BURDIN

Comme je le disais dans l’article précédent, j’ai maintenant deux pays, deux territoires, alors je peux voyager. Mais comment faire ?

Il y a peu de choses indispensables pour faire un voyage. Mais pour le faire dans les meilleurs conditions il faut au moins connaître son point de départ et sa destination. Ainsi, tout au long du chemin, il est possible de vérifier si l’on avance, et si on le fait dans la bonne direction.

Un point de départ

Au départ, il y a un être humain. Il est le résultat de l’exil d’un Être qui vivait dans l’unité et qui évolue maintenant dans ce monde de séparation et de matière. Cet être humain s’est adapté à ce nouveau pays du mieux qu’il a pu. Il a appris les dualités : l’imperfection en opposition à la perfection, le mensonge contre la vérité, la honte contre le plaisir jusqu’à perdre tout espoir de fusion. Il a appris, dans une difficulté plus ou moins grande, que tout est séparé. Chaque chose, personne, action, expérience, pensée, sentiment rangés dans une case. L’exilé de la complétude, dans son souci d’intégration à son nouveau monde, a poussé le principe de la séparation jusqu’au bout. Il s’est lui même rangé dans une case, et se comporte pour être fidèle à la définition qu’il s’est donné de lui-même, pour ne jamais sortir de sa case.

Apartés

J’entends déjà des remarques : “Pas du tout, je ne suis pas dans une case, je suis un être libre”.  La réponse est simple : “Regarde où tu as peur et tu verras où tu n’es pas libre ; tu verras aussi de quoi tu n’es pas libre.”

Il y a aussi une autre façon de le dire : “Regarde où tu vis en mode automatique, sans choisir, sans conscience et tu verras les libertés qu’il te reste à conquérir”

J’entends ailleurs le discours du bien et du mal, celui qui dit : “le mensonge c’est mal, la vérité c’est bien”. C’est un discours de la séparation, un discours des petites cases. Les apprentissages de la naissance, de la petite enfance, de l’enfance, de l’adolescence ne sont ni le bien ni le mal. Ils sont simplement nécessaires pour construire un humain adapté à une vie terrestre d’aujourd’hui. Ils peuvent être plus ou moins difficiles, plus ou moins douloureux, mais ils ne sont ni bien ni mal par nature. La vérité n’est pas le bien : on peut faire mal à l’autre avec la vérité, on peut le détruire… Tout autant qu’on peut le protéger avec le mensonge, que le mensonge peut-être beau et émouvant (n’avez-vous jamais été ému par une musique, par un film ?). Je crois intimement que le bien et le mal ne se situent pas dans la nature ce qu’on regarde, mais dans l’usage qui en est fait.

Une destination

La destination c’est bien sûr la complétude.

Pour autant, il ne s’agit pas de redevenir la complétude. En dehors de quelques expériences de vie très particulières (les expériences d’urgences imminentes, l’orgasme, la mort peut être…)  c’est impossible. Il s’agit de retourner dans ce territoire.

Il ne s’agit pas de redevenir la complétude, de revenir à un état antérieur, mais de continuer à avancer.

Lors de la naissance, il se passe simultanément deux séparations. Avant la naissance il y a la Totalité, il y a Un, il y a un Être qui est la Complétude. Après la naissance il y a un Être qui n’est plus uni avec son nouveau territoire, il y a un humain, résultat de la séparation de l’être et du territoire. S’il ne lui est plus possible d’être la complétude, il lui reste possible de retourner dans la complétude. D’ailleurs que croyez-vous que font les bébés quand ils dorment, ou bien les enfants quand ils rêvent ?

Et pourquoi, devenus adultes, ne pourrions nous plus faire ce voyage ?

Alors quelle est cette destination possible pour un être humain ? C’est un lieu de perfection, de vérité, de plaisir, d’union. C’est un lieu où chacun peut retrouver les qualités qu’il reconnaît intimement comme des qualités de la complétude, mais sur Terre, dans des modalités terrestres.

C’est un lieu où l’on voit plus que ce que l’on regarde. Un lieu où les corbeaux menaçants dans le champ d’à côté deviennent des oiseaux protecteurs

C’est un lieu où les oppositions s’effacent, le bien et le mal, le beau et le laid, le ça-me-concerne et le ça-ne-me-concerne-pas. C’est un lieu où des séparations s’estompent, entre moi et les autres, entre le Ciel et la Terre, entre mon émotion et celle de mon interlocuteur, entre mon point de vue et le sien, entre ma vérité et sa vérité. C’est un lieu d’ordre et de contemplation, d’instant et d’éternité.

C’est un lieu différent pour chacun de nous. Nous avons tous vécu la complétude anténatale à notre façon très intimement personnelle ; il revient à chacun de nous de le définir pour lui-même.

Maintenant qu’il y a une point de départ et une destination, il est possible de parcourir le chemin.

A suivre…

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